Film phrases

Le grand lâche

Au coucher du demi-noir sous les yeux la posture dorsale n’est pas la plus sympathique, pour le nerf vague.
Car il faut être lâche pour dormir et des ruses pour éviter la découche.
Je me narre des équations en espérant flemme de la syntaxe, et la venue d’une voix monotone pour la suivre & tomber.

Lorsque je me relève, j’accommode assez de noir de la pluie des lampes — et même le silence est une ombre.
Lorsque je me relève, la chaise à ressorts fait grincer dans mon dos la table, comme une souris. Je m’immobilise.

Lorsque je me recouche, j’évite la marche qui grince sans jamais me souvenir talon ou pointe.
Lorsque je me recouche, la légère gelée remontant de mes bronches rappelle que mon corps-machine : fonctionne.


Pierre Alferi, « Douze airs », Vacarme


Veille de train

Au lit je veille, ma tête

chargée du flux de science

d’un indien des plaines,

ma conscience me dit

veille, ce n’est pas le train

train prête attention à chaque

pensées dans le plein mou,

compte tes sommes et reflue

ce monde qui t’attend au

réveil, lis à plein et charge

de demain la veille

la tension venue au jour,

spleepy head.

(07.01.25)


Rêvé : j’apprends que Sans titre de Carax a été fait par Godard, l’interroge et le tutoies avec hésitation.
Puis découvre que Véronique Silver apparaît au début du Mépris.

(09.01.25)


Toilet tombeau

Quand la vessie lâche, le jet
de pisse tombe continu
avec au ventre ces vagues légères
de petite pompe et le mince tracas
de savoir quand arrêter la coule.

Sur la mare jaune, mesure de fonce en robe de temps
chu l’eau qui la chasse & roule clarifie efface et brille
l’émail en vernis d’oubli.

(10.03.25)

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