Film phrases

Coming out (1989)

de Heiner Carow

1er film gay produit en RDA, et sorti à Berlin le lendemain de la chute du mur.

Bluette pédé, dont le scénario régulé suit le trajet progressif de Philipp, jeune prof de lycée, qui sort avec une fille (dont un de ses amis, « tombe » dans un bar gay, y rencontre un jeune homme, en tombe amoureux, revient avec la fille, retrouve le mec à un concert, drame et aveu, se retrouve seul, cherchant à revoir le mec, finalement il est avec un de ses étudiants, il se fait surveiller en cours.

Etapes obligé du parcours d’un homosexuel vers la voie d’acception de « ce qu’il est », autour duquel gravitent des figures typées (avec rappel de la répression d’hier et d’aujourd’hui, et la bastonnade menaçante – 2 séquence, contre un noir et un pédé). Film sage, qui, vu d’aujourd’hui, est un peu mou, m-e-s pas très incarnées. Ce qui intéresse plus, c’est évidemment la valeur documentaire, sur le décor, les files infinies pour attendre un concert, les parties gay délurées si semblables à today, les scènes de dragues dans le parc, l’architecture et les costumes – sans aucune mention du sida. Brecht cité en classe, les personnages ont l’air d’avoir peu de difficultés dans leurs occupations, et les mêmes rêves qu’à l’ouest.

Quelques plans de nudité masculine du protagoniste, des baisers et des caresses, assez chastes. Pas de sexe visible à l’écran, évidemment. C’est là qu’on mesure toute la différence de temps avec Taxi Zum Klo, film « personnel » sur la question, plus dynamique et pas le moindre intéressé par la rhétorique de l’acceptation. Ici, aucune attache pour le héros au cul mignon, aux petits yeux – à la fois beau et laid à l’allemande, dont on ne sait rien et que le film montre surtout dans sa solitude et une forme de banalité. Idem pour tous, les personnages ne « prennent » pas vraiment en consistance. Les lieux existent plus et au fond, sont moins idéalisés.

La seule séquence vraiment marquante est celle du début, avec le suicide raté de Mathias pendant (wikipedia dixit) les 40 ans de la RDA (feux d’artifices éclatant de partout, je pensais au Nouvel an): on lui enfonce un tuyau orange dans la gorge pour le vider, et il pleure sur le bas côté de la salle en réveil en disant qu’il est pédé.

Quelques beaux trucs : la fille qui se remaquille dans le bar où ils vont prendre leur premier verre. Le personnage étonnant de la mère dépressive, écrivain tapant à la machine, qui demande à son fils de faire tourner la machine à laver et faire le ménage.

Au Suivant Poste

Précedent Poste

© 2025 Film phrases

Thème par Anders Norén