Film phrases

Le Garçu (1995)

de Maurice Pialat

Plus beaucoup d’idées car les souvenirs du film s’estompent depuis 10 jours, et peu de temps là pour les écrire, mais deux choses :

  1. Depardieu, comme dans Police, fait le film en totale liberté : c’est lui qui dirige de l’intérieur, qui donne par la fluidité et la liberté de faire le mariole comme il veut le tempo et la destabilisation légère, les circonvolutions de ses personnages, c’est lui qui organise autour de son corps le ballet des autres personnages
  2. je m’étais dit que Pialat ne filmait pas les scènes « difficile à filmer », mais qu’il en filmait d’autres, de celles qu’on avait pas prévu, qui n’étaient pas prévues par le scénario, et qui déroutait nos attentes de spectateurs. Le film étonne par un certain calme dans la résolution arrêtée, syncopée des histoires qui ne cesse de reprendre et de se recoller à des endroits qui sont le plus souvent dans la césure (on ne voit pas Depardieu « revenir », on le voit déjà revenu, ou alors on apprend – vers la fin – qu’il n’a pas été vu depuis 3 mois…)
  3. Pialat voulait filmer l’enfant, son enfant, il se serait (dixit Félix Rehm qui parlait de son monteur habituel qui aurait assuré que Pialat ne l’avait pas pris parce qu’il ne serait pas complaisant avec l’enfant) laisser aller, beaucoup trop de plan de l’enfant. Et pourtant je n’y vois pas de la complaisance, ni même un regard de « papounet », mais une volonté – mise en abyme par Depardieu – d’observer de tout ses yeux cette enfance bégayante, exultante, dans la jouissance de son enfance rigolarde, incompréhensible, nue et glissante, pas du tout parlante (contrairement à la petite fille de Annette, dans cette dernière scène que je ne parviens pas à aimer, elle qui rabat l’émotion sur du concret, de la petite fille en chair et en os qui serait le seul élément de réalité – non ! berk). L’enfant aimé par son père, et son père ce tyran connardesque léger, paumé et bateleur (la scène du camion, démente)
  4. J’aime bien les parallèles sociaux, surtout présents au début, et il faut revoir et revoir ce plan dément du bus face aux écoliers, sur du Bob Marley (il faudrait dire aussi quelque chose de l’utilisation de ces musiques « actuelles », en pleine prise avec l’air du temps), où les gamins regardent dans le bus, la caméra mais pour nous la femme et son fils, à toujours séparés (comme les autres servants, conducteur de bateau etc) de ceux qu’ils regardent. La concièrge qui vient juste figurer à Paris, c’est un peu ça. Il y a quand même cette (mauvaise ?) conscience de classe qui joue.

Au Suivant Poste

Précedent Poste

© 2025 Film phrases

Thème par Anders Norén