Sorte de conte baroque, alourdi de costumes et de décor surchargés, présentant la décrépitude d’un « matriarcat » en temps de guerre, mené par un personnage interprété par l’actrice-réal elle-même. Univers à la Brazil (voire Jeunet et Caro, rutilance & décadence) où chaque perso sur son 31 (coiffure grand style hollywood années 40), bardé de bijoux-prothèses, évolue au fil des anniversaires de la nouvelle année, dans un galerie un peu étouffante avec un souffle qui se confond assez avec une volonté d’esbroufe (musique tapageuse, au début et à la fin, avec une séquence chantée lorsque RL est en voiture). Peu d’accès à un psychologie ou des gestes, tout est englué dans un décorum, disposé en marionettes par la voix off. Peu de mystère, plutôt l’exhibition lourde de figures archétypales théâtralisées et allégoriques (le point de vue général assez critique sur la politique poutinienne & décadence aristocratique-oligarchiques (où les coffres contenant de l’argent familial enterrés, ressortent pourris), dans ce huis-clos cernés par la guerre, dont on ne sort que pour aller dans un désert blanc et, une seule fois, face au Kremelin)
Restent des scènes étonnantes, fantasmagoriques (avec des animaux, notamment : corbeau tenant une allumette, rat tirant une petite charrette, chiens divers et, au début, un renne; mais aussi lorsque RL est dans une baignoire autour d’une machine pleine d’automates obscène qu’elle caresse avec ses jambes, l’un tire une petite langue rouge ; l’avion et le vieux cirque) qui font du surplace mais déploient un imaginaire d’une créativité très personnelle où chaque détail compte, sans qu’on puisse tellement les relier à des références, sans identification. Le jeu tient aux « gueules », même si RL s’offre de belles séquence autour de son visage mobile. Cinéma de l’ultra-maîtrise, sans fragilité aucune, où tout est en force, y compris les séquences d’attente ou de déploiement du temps. La maison de poupée et la Cerisaie, en somme. Très russe, selon F.
