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The Wild One (1953)

Brando assez figé, dans des poses qui ont dû, à l’époque, peut-être fasciner, mais qui aujourd’hui paraissent relativement « fabriquées » (la panoplie, tout ça). Il ne m’intéresse pas beaucoup. Comme corps, je trouve Mitchum plus fascinant. La fille est très mauvaise, et la mise en scène (comme pour les films hollywoodiens pas fait par des auteurs) paraît maladroite, même si on sent parfois le métier (la séquence de la poursuite en moto, les scènes de bar et de nuit). Les seconds rôles, plus professionnels ou plus documentaires, sont plus réussis. Les motards sont des petits garçons, pas bien méchant, plutôt infantiles. Pas des vrais hommes (besoin de symboles phalliques (Brando : trophée qu’il ne veut pas quitter, bière décalottée qui coule) et pas cette camaraderie homo friendly. On sent que la notion d’adolescent manque pour les évoquer. Quand Ray fera Rebel without a cause, il en donnera une image plus intérieure, plus « romanesque ». La bande, si elle avait été filmée par Fuller, ça dépoterai. Narrativement, le film est mollasson mais le scénario n’est pas mal. Il rabat simplement ces extraterrestres sur du connu (poursuite, bar avec réminiscences du western, la ville vide etc).
Là où le film inscrit quelque chose, c’est dans le langage: ne pas parler la même langue empêche tout rapprochement possible. Ils « ressemblent » peut-être à des gangs de voyous (dans les films de mafia), des mauvais cow-boy (dans les westerns), mais leur langage (argot) et leur indifférence (mutisme) suffit à en faire des individus étranges. Le personnage du Sheriff compréhensif qui « veut parler » (et qui n’obtiendra pas de réponse) est aussi là, malgré son progressisme qui est celui du film, pour dessiner la limite des deux mondes.
Le film a marché sans doute parce qu’il était sociologique (comme tous les films « à sujet »)
Ce qui me plaît : les filles motardes (pas développé hélas , le côté crypto homo très appuyé, les seconds rôles de motard très sortis et presque documentaire (impression donnée par la mise en scène limitée du film). Lés déguisements à la sortie du salon de coiffure (gros casques sur la tête des boys), Lee Marvin qui est plus fort et intéressant que Brando dans sa torvitude (il lui dit « je t’aime » deux fois), la statue-doudou attachee sur le devant de la moto, l’absence d’arme (ou quasi) et de coup de feu (très invraisemblable). Scène musicale où les deux boys se mettent à faire de la musique. La tempérance assez incongrue au centre du film, écho à la non-chalance rebelle.

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