Sebastien Lifchtisz avec Stéphane Bouquet
Beau passage sur les photographie, où les phrases se suivent les uns les autres avec le ton de voix égal, clair, sans résistance de l’affect ni engluement du ton. Une énumération poétique, où l’écriture s’affirme.
En ce qui concerne la parole, SB est toujours très calme (maintenant que Julien m’a comparé avec lui, je me regarde et joue au jeu de la différence), il semble ressentir les choses de l’intérieur, d’un intérieur fermé, lointain, qui ne vient pas tellement au jour. Il regarde ailleurs et sourie, franchement, mais très tard, bien après que les émotions aient été pensées. Il prend son temps, sait ce qu’il fait. Ce n’est pas qu’il cache, dissimule. Le masque est absent, il dit la vérité, mais les sensations, c’est autre chose, c’est sa mémoire et peut-être les mots qu’il écrira en seront le receptacle.
Il parle de l’égotrip (narcissime, exhibitionnisme, et de tout ce qu’on veut, dit-il), mais dans ce film très (trop) chaste (il évoque le fait qu’il avait dragué SL en lui disant ses fantasme (mais je ne retrouve pas le passage)
il dit qu’être filmé l’empêche de « voyager comme j’aime : laisser les autres passer, donner au hasard toute sa chance, me rendre invisible »
« Vivre en public est une assurance de savoir que je vis en privé, une assurance contre le néant, une preuve »
MeS plate, qu’on retrouve dans Casa Susanna, les vieilles photos vernaculaires, les paysages et arbres de l’Amérique, trajet en voiture et rien qui accroche. Il ne fait pas des images, mais cherche à capter quelque chose.
Je préfère le portrait qu’il dessine de s/mon auteur, désormais. La mélancolie d’un être à qui ne manque rien, mais qui a à faire justement avec le trop, le surplus, le supplément. Le père est un père en trop, comme le tournage, comme le film, comme ceux qui sont à ses côtés et qui ne sont pas filmés. Comme le 35mm, trop beau, et les photos qui y suppléent, un luxe un peu déraisonnable pour une histoire peu captivante, comme dit SB.