Pas très bien filmé, très appuyé, le film tient à son héroïne et son jeu un peu mécanique (on aurait préféré qu’elle soit moins belle, mais l’actrice arrive à insuffler un peu de crampes à son personnage), au fait que l’actrice qui joue sa mère adoptive est poussée dans sa ressemblance à Barbara Stanwick (ce qui fait que l’alcool devient une qualité reconnaissable, évidente). Des films qu’elle regarde sans cesse à la télévision sont d’ailleurs, je le soupçonne à la voix, des films avec B.S. Manière de replonger dans l’inconscient américain de ces années-là (les 60’s).
Le rythme général est plutôt posé, un peu trop, à mon avis. Ce qui est le plus intéressant est – avec surprise – les parties d’échec, qui ne sont pas du tout traitées dans le sens de la virtuosité, mais d’un face à face. La figure du champ contre champ est bien utilisée.
Le film assume de ne pas traiter la question de la virtuosité incompréhensible mais de faire ce que les américains savent faire : du psychologique et de la figuration visuelle. Tout joue sur le rythme et la fréquence de répétition du montage (quand on inscrute des personnages dans de petites cases en mode graphisme in ep. 5, c’est complètement ridicule ), qui reprennent (intelligence américaine du mouvement) les éléments auditivovisuels du jeu d’échec (l’horloge et son clic, avec le suspense du premier appui, ce moment suspendu avant de commencer la partie), puis des autres appuis (elle utilise une pièce pour appuyer lors du jeu rapide, qui fait aussi intervenir la virtuosité de déplacement).
Aucun jeu n’est reconnaissable (mais il se pourrait qu’il s’agisse vraiment de jeu existant, que le tout soit documenté et bien documenté; en tout cas, la série est faite par des gens que ça intéresse, mais qui ne sont sans doute pas des joueurs).
La représentation du jeu quand elle est gamine (ep. 1) et après, sur les pièces au plafond, tient à mon avis plus de la psychologie infantile de la solitude (les lumières du plafond, ce motif que j’aime tellement et qui me rappelle Magenta) que de l’expérience réelle des joueurs d’échec; mais c’est ce que savent faire les américains