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The Big Combo (1955)

de Joseph H. Lewis

Une page de plus dans l’histoire du cinéma de la frontalité. Lumière crue, déroutage des plans, les personnages plongés dans des fonds noirs, abyssaux. Des visages violemment éclairés (la fin, impressionnante, avec la femme qui braque la lumière d’un phare sur le bandit-vedette, l’éblouie avec sa « poursuite », saisis ex-abrupto comme des cartes à jouer dans une intrigue « cousue » de fil blanc.

Ce qui intéresse le scénario : l’humiliation hierarchique (du côté des truands) et la honte d’être un homme (du côté des flics ou du truand repenti, qui s’allonge directement, las, sur un fauteuil). Un très beau personnage secondaire de flic, plus âgé, avec un gros nez et un visage de clown triste. Les personnages sont âgés, adultes. Les truands sont (comme souvent) des garçons qui s’aiment (ceux qui font la paire particulièrement, mais la scène de début avec le boxeur brillant de sueur, comme une statue de lurex).

Une invention de plan : le plan « tout le monde de face », le plan de l’humiliation : le gangster refuse de parler directement au flic, il lui tourne le dos et nous fait face, tout le monde nous fait face. Jamais on ne voit ce dos (pas de plan subjectif), mais on doit le « ressentir » en se mettant à la place symbolique. problème, elle n’est pas « visible », et les personnages n’ont pas assez de profondeur psychologique pour qu’on s’y attache. Du coup, côté portrait de famille en plan.

Moment « audiovisuel » de torture : par l’intermédiaire d’un amplificateur d’ouie, et une radio qui martyrisent les tympans du flic. Celui qui les portait, quand il sera tué, n’entendra rien (scène muette étonnante). Le gangster en chef parle trop vite, beaucoup trop vite et sèchement.

Une mélancolie se dégage de l’ensemble, comme un mauvais rêve.

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