Film phrases

Une odeur de géranium (1997)

de Laurent Achard

Toujours aussi mélancolique, ces descriptions d’après-midi dans le silence du temps d’un enfant qui s’ennuie, au milieu de la laideur sans attrait d’une vie de famille pavillonnaire. Enfant qui ne sait rien des désirs et évolue au milieu d’eux (la mère et l’ouvrier, la fille et son copain, le père et la boisson, l’ouvrier et sa copine) et y participe sans trop s’en rendre compte (être massé par la soeur, masser les pieds de la mère).

La télévision qu’on ne voit pas donne, étrangement, des nouvelles du monde. On entend Brigitte Ollier et un beau texte (comme chez Léon) et aussi la fin de Femmes femmes, totalement incongrue, hors-champ avant le diner. On se dit que c’est par là que viendra le sauvetage de cette non-vie misérable. Là où il y a des rires des pleurs, là où il y a de la poésie.

Reste la lumière. Elle est ce qui sauve de cette laideur, mais elle est aussi étale (le plan de la porte d’entrée, jaune, puis blanche, puis jaune), elle n’a pas de source, elle est présente mais n’offre rien au regard. Achard privilégie des contrejour (très beau, en extérieur, le petit arbre à droite qui se découpe sur ce panorama où il n’y a positivement rien d’autre que cette maison.

Un seul travelling, à la fin, un petit recul pendant le fondu au noir. Achard et son économie de moyen : comment trouver le bon plan qui s’intercalera dans ce rythme inelectuable de ce qui coule sans s’arrêter, cette terreur de l’enchaîné (il va y avoir de l’orage) qui noie même toute violence et fait naître de la tension dans toutes les choses même l’ennui.

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