de Francis Reusser
On sent les influences de Duras (acteurs : Bulle Ogier et Michael Lonsdale, phrase « si tu étais capable de ne rien faire », style oraculaire), de Godard et même de Rivette (le plan dans la lande à la fin, recul avec la main qui évoque Duelle), mais tout ça ne prend pas. Trop de distance devant des personnages verbeux, perclus de mots d’auteurs, le tout mené par un fantasme hetero assez ridicule. Les paysages sont beaux, mais ça ne respire pas. Difficile de comprendre ce qu’il veut filmer, tout est si lointain, et en même temps, tout cela est si minuscule, adolescent mais sans adolescents, rêveur mais froid, emprunté, sans air et sans silence. Pas d’insistance mais plutôt une absence d’enjeu, une monotonie qui prend tout sur sa même ligne où, comme on dit chez Biette, chacun « vient pour dire ce qu’il a à dire » (soit des mots d’auteurs).
On peut imaginer que tout cela a été à la mode, que cette vulgarisation a marché, peut-être. Pas sûr. Bizarrement, ce n’est pas honteux ni même ennuyeux, parfois risible, un peu bête, assez prévisible. Mais jolis lieux, jolis paysages, beaux acteurs. De tout cela n’est tiré aucune émotion et aucune activité. Quelques moments quand une voix avec accent italien (le travelo) déforme un peu les mots d’auteurs. Mais rien n’attache, on se fiche de ses histoires car elles sont toutes petites et nous ne sommes là que comme témoins, rien de plus.