de Guy Gilles
Un petit film pour la télé avec de vieilles actrices, plus ou moins vieilles ayant cessé de jouer. On y retrouve Jany Holt, par exemple. Répétition du dispositif. Elles entrent, sont interrogées dans une chambre d’hôtel blanche, sur le même siège. GG les compare à de vieilles photos de magazines populaires genre Cinévie.
Décidément, je ne parviens pas à l’aimer. Toujours cette logique de collectionneur, d’accumulateur qui compte les actrices, leurs rôles, leurs entrées, qui noie tout sous un déluge de photos et de cut qui sont censés animer tout cela et qui vident de tout enjeu ces témoignages qui pourtant, pourraient être émouvants ou drôles. Comme je m’en étais aperçu dans le jardin qui bascule, GG est l’homme de la division : il divise ses sujets, ses plans, il met tout dans des casiers qu’il semble disposer sous son regard de collectionneur.
Amusant de comparer le film à Femmes Femmes, lui réellement nostalgique et funèbre, mais qui fait de cette passion là une « folie » de cinéaste. Accablant de comparer aux films sur les vieilles de Schroeter ou de Schmid dans Notre dame de la Croisette. GG s’en fout, il n’aime pas gens, il aime la nostalgie. La vieille photo est comme la vieille actrice, un joli morceau qu’on exhibe et qu’on peut découper à sa guise. Le résultat n’est pas choquant, il est monotone, plat et sans intérêt. Comme si ce qui surnageait, c’était la pauvreté de ce que ces femmes ont a dire (or ce n’est pas vrai, des choses se disent, pourraient se dire et même dans la répétition : abandon pour mari et enfant, on voit un instant se dessiner un truc sociologique, mais GG coupe tout de suite pour évoquer l’amour). Aucune d’elles n’est écoutée, aucune n’est sensiblement vue, GG capture des mines, un tic, cerne si précisément ses objets, et en même temps avec une telle absence de style (c’est joli, mais plat et de « principe », donc non personnalisé, non adapté à chacune) que le tout est fait pour ceux qui n’ont rien à y attendre….