Film phrases

La Comtesse de Hong-Kong

De Charles Chaplin

Il y a une rigidité chez Chaplin, comme un ressort tendu derrière les plans. Découpage limpide, qui insiste sur les expressions du visage et les « nerfs », rareté des espaces, lumière blanche et étale, musique de fond qui « travaille ».

La femme donnée comme archétype : on le voit à ces moments répétés où un plan saisit de biais trois femmes, élancées, souriantes et parfaites comme des chevaux de bois, avançant vers un destin sans désir, prêtes à tout y compris au bonheur. Le passage de Tippi Hedren, terrifiante, qui vient tout droit de chez Hitchcock, n’est pas anodin.

Un certain désenchantement du féminin, au sens propre, comme chez Ford et son Seven Women. Moins à cause du féminisme des sixties, sans doute, que du grand âge : l’idylle de Natasha avec le héros n’est pas sensible; son unicité, son individualité, sa personnalité réduite à une certaine pugnacité : oui.

La mécanique du film tient à cette conscience de l’individuel : passage d’un espace à un autre (on ne peut être que dans un seul lieu – et il y en a très peu), un certain « pressement » des personnages qui, avec leur fort typage, exacerbe leurs actions et les égrènent. Chaplin traite les corps comme ces jouets pour enfant, formes de bois colorés qui n’entrent que dans leur trou spécifique. Natasha toujours habillée trop grand ou trop petit est celle qui ne possède que son corps.

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